الأحد، 24 نوفمبر 2013

Ma Mère : Mahmoud DARWICH

J'ai la nostalgie du pain de ma mère,
Du café de ma mère,
Des caresses de ma mère...
Et l'enfance grandit en moi,
Jour après jour,
Et je chéris ma vie, car
Si je mourais,
J'aurais honte des larmes de ma mère !
Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi
Avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l'ourlet de ta robe...
Et je serai, peut-être, un dieu,
Peut-être un dieu,
Si j'effleurais ton coeur !
Si je rentre, enfouis-moi,
Bûche, dans ton âtre.
Et suspends-moi,
Corde à linge, sur le toit de ta maison.
Je ne tiens pas debout
Sans ta prière du jour.
J'ai vieilli. Ramène les étoiles de l'enfance
Et je partagerai avec les petits des oiseaux,
Le chemin du retour...
Au nid de ton attente !


S’envolent les colombes : Mahmoud DARWICH

S’envolent les colombes
S’envolent les colombes
Se posent les colombes

Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t’aime jusqu’à l’épuisement
Ton matin est un fruit offert aux chansons
Et ce soir est d’or
Nous nous appartenons lorsque l’ombre rejoint son ombre dans le marbre
Je ressemble à moi-même lorsque je me suspends
Au cou qui ne s’abandonne qu’aux étreintes des nuages
Tu es l’air se dénudant devant moi comme les larmes du raisin
L’origine de l’espèce des vagues quand elles s’agrippent au rivage
Et s’expatrient
Je t’aime, toi le commencement de mon âme, toi la fin

S’envolent les colombes
Se posent les colombes

Mon aimé et moi sommes deux voix en une seule lèvre
Moi, j’appartiens à mon aimé et mon aimé est à son étoile errante
Nous entrons dans le rêve mais il s’attarde pour se dérober à notre vue
Et quand mon aimé s’endort je me réveille pour protéger la rêve de ce qu’il voit
J’éloigne de lui les nuits qui ont passé avant notre rencontre
De mes propres mains je choisis nos jours
Comme il m’a choisi la rose de la table
Dors, ô mon aimé
Que la voix des murs monte à mes genoux
Dors, mon aimé
Que je descende en toi et sauve ton rêve d’une épine envieuse
Dors, mon aimé
Sur toi les tresses de ma chevelure. Sur toi la paix

J’ai vu le pont
L’Andalousie de l’amour et du sixième sens
Sur une larme désespérée
Elle lui a remis son cœur
Et a dit : l’amour me coûte ce que je n’aime pas
Il me coûte mon amour
Puis la lune s’est endormie
Sur une bague qui se brisait
Et les colombes se sont envolées
L’obscurité s’est posée
Sur le pont et les amants

S’envolent les colombes
S’envolent les colombes


Inscris ! Je suis Arabe : Mahmoud DARWICH

Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d'enfants : huit
Et le neuvième... arrivera après l'été !
Et te voilà furieux !

Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j'ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d'écolier
Je les tire des rochers...
Oh ! je n'irai pas quémander l'aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !

Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille - je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines...
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l'effusion de la durée
Avant le cyprès et l'olivier
...avant l'éclosion de l'herbe
Mon père... est d'une famille de laboureurs
N'a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan - être
Sans valeur - ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis - cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.

Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux... couleur du charbon
Mes yeux... couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
...elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c'est
L'huile d'olive et le thym

Mon adresse :
Je suis d'un village isolé...
Où les rues n'ont plus de noms
Et tous les hommes... à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !

Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as rafflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !

DONC

Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !

Passants parmi des paroles passagères . Mahmoud DARWICH



Vous qui passez parmi les paroles passagères

Il est temps que vous partiez et que vous vous fixiez où bon vous semble

mais ne vous fixez pas parmi nous

il est temps que vous partiez

que vous mouriez ou bon vous semble

mais ne mourez pas parmi nous

Nous avons à faire dans notre terre

ici, nous avons le passé

la voix inaugurale de la vie

et nous y avons le présent, le présent et l'avenir

nous y avons l'ici-bas et l'au-delà

Alors, sortez de notre terre

de notre terre ferme, de notre mer

de notre blé, de notre sel, de notre blessure

de toute chose, sortez

des souvenirs de la mémoire

Ô vous qui passez parmi les paroles passagères.

Et nous aimons la vie autant que possible : Mahmoud DARWICH



Et nous, nous aimons la vie autant que possible




Nous dansons entre deux martyrs.




Entre eux, nous érigeons pour les violettes un minaret ou des palmiers




Nous aimons la vie autant que possible




Nous volons un fil au ver à soie pour tisser notre ciel clôturer cet exode


Nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin inonde les routes comme une belle journée

Nous aimons la vie autant que possible

Là où nous résidons, nous semons des plantes luxuriantes et nous récoltons des tués

Nous soufflons dans la flûte la couleur du lointain, lointain, et nous dessinons un hennissement sur la poussière du passage

Nous écrivons nos noms pierre par pierre.

Ô éclair, éclaire pour la nuit, éclaire un peu

Nous aimons la vie autant que possible

Mahmud Darwich



الاثنين، 11 نوفمبر 2013

رثاء الشاعر الراحل محمود درويش للشهيد عرفات

تأخر حزني عليه قليلاً، لأني كغيري توقعت من سيد النجاة أن يعود إلينا هذه المرة أيضاً ببداية جديدة، لكن الزمن الجديد أقوى من شاعرية الأسطورة ومن سحر العنقاء. وللتأبين طقس دائم، يبدأ باستعمال فعل الماضي الناقص. كان ياسر عرفات الفصل الأطول في حياتنا، وكان اسمه أحد أسماء فلسطين الجديدة، الناهضة من رماد النكبة إلى جمرة المقاومة، إلى فكرة الدولة، إلى واقع تأسيسها المتعثر. لكن للأبطال التراجيديين قدراً يشاكسهم، ويتربص بخطوتهم الأخيرة نحو باب الوصول، ليحرمهم من الاحتفال بالنهاية السعيدة بعمر من الشقاء والتضحية، لأن الزارع في الحقول الوعرة لا يكون دائماً هو الحاصد. يعزينا في هذا المقام أن أفعال هذا القائد الخالد، الذي بلغ حد التماهي التام بين الشخصي والعام، قد أوصلت الرحلة الفلسطينية الدامية إلى أشد ساعات الليل حلكة، وهي الساعة التي تسبق الفجر، فجر الاستقلال المر، مهما تلكأ هذا الفجر، ومهما أقيمت أمامه أسوار الظلاميين العالية. 
ويعزينا أيضاً أن بطل هذه الرحلة الطويلة، الذي ولد على هذه الأرض الشامخة، قد عاد إليها ليضع حجر الأساس للمستقبل، وليجد فيها راحته الأبدية، لتغتني أرض المزارات بمزار جديد.
الرموز أيضاً تتخاصم، كما يتخاصم التاريخ مع الخرافة، والواقع مع الأسطورة. لذلك كان ياسر عرفات، الواقعي إلى أقصى الحدود، في حاجة أحياناً إلى تطعيم خطابه بقليل من البعد الغيبي، لأن الآخرين أضافوا إلى الصراع على الحاضر صراعاً على الماضي، بمحو الحدود بين ما هو تاريخي وما هو خرافي، ولتجريد الفلسطيني من شرعية وجوده الوطني على هذه الأرض. لكن البحث عن الحاضر هو شغل الناس وشاغلهم، وهو ميدان عمل السياسة، وعمل القائد المتطلع إلى الغد. 
أعاد ترميم الحكاية والرحلة، نجا من غارة على غرفة النوم في تونس، ونجا مرةً أخرى من سقوط طائرته في الصحراء الليبية، ونجا من آثار حرب الخليج الأولى، ونجا من صورة الإرهابي واستبدلها بصورة الحائز على جائزة نوبل للسلام، وحقق نبوءته التي سكنته طيلة العمر، عاد إلى أرض فلسطين، عاد إلى أرض ميعاده. 
لو كانت تلك هي النهاية لانقلبت التراجيديا الإغريقية على شروطها. لكن شارون، العائد من ضواحي بيروت نادماً على ما لم يفعل، سيلاحق خصمه الكبير في رام الله، سيحاصره ثلاث سنوات، سيحول مقره أطلالاً، وسيسمم حياته بالحصار والعزلة، وسيحرمه من الموت كما يشتهي شهيداً في مقره. فإن شارون لا يحارب الشخص ولا يحارب نصه الوطني فحسب، بل يحارب إشعاع الرمز في الزمن، ويحارب أثر الأسطورة في ذاكرة الجماعة. 
لكن ياسر عرفات، الذي يعي بعمق ما أعد لنفسه من مكانة في تاريخ العالم المعاصر، أشرف بنفسه على توفير وجع ضروري للفصل الأخير من أسطورته الحية، فطار إلى المنفى ليلقي عليه تحية وداع أسلم معها روحه. فالبطل التراجيدي لا يموت إلا في المنفى. 
وفي طريق عودته المجازية، عرّج ذو الهوى المصري على مصر ليسدد لها دينه العاطفي. وعند عودته النهائية، التي لا منفى بعدها، ألقى النظرة الطويلة الأخيرة على الساحل الفلسطيني المغروز كسيف في خاصرة البحر، ثم نام، تدثر الجسد الخفيف بأرض الحلم الثقيل ونام، لا لينهض كصنم أو أيقونة، بل فكرةً حيةً تحرضنا على عبادة 
.الوطن والحرية، وعلى الإصرار على ولادة الفجر بأيد شجاعة وذكية
إن صناعةً للوهم تزدهر الآن في مَكان آخر. فعلى مستويات عالمية وإقليمية يجري الاحتفال المبكر برؤية فجر كاذب، يبزغ من رحيل عرفات الموصوف بأنه كان العقبة الرئيسة أمام تقدم عملية السلام. ليكن، فما هي الرؤية الجديدة؟ سيُمْتَحن القانون الدولي والمرجعية الدولية ما دامت العقبة قد زالت، فهل سيزول الاحتلال؟ لن ينتظر العالم طويلاً ليدرك أن لاءات شارون الأربع، التي تبنَّاها الرئيس الأميركي، لا تشكل العقبة الكبرى أمام السلام فحسب، بل تجعل السلام مستحيلاً، لأنها تجعل امكانية قيام دولة فلسطينية مستقلة أمراً مستحيلاً، فلا يستوي السلام مع استمرار الاحتلال والسيطرة على مصير الشعب الفلسطيني، كما لا يستوي المؤقت مع الأبدي. فمَن، بعد عرفات، سيرضى بشبه دولة مؤقتة إلىالأبد؟
سنفتقده دائماً، في الأزمات وفي المفاوضات، وفي جميع نواحي حياتنا، لأنه جزء عضوي منها، ولأنه فريد وبلا مدرسة. فالعرفاتية لا تقوم إلاّ على صاحبها، لأنها موهبة خاصة، حيوية وألفة ونشاط خارق، ومزايا شخصية لا تُورث، وفوضى ونظام معاً، وعلاقات حميمة مع الناس جعلت الكاريزما العرفاتية ما هي عليه. بعد عرفات لن نعثر على عرفاتية جديدة. لقد أَغلق الباب على مرحلة كاملة من مراحل حياتنا الداخلية. لكن الباب لن ينفتح، بغيابه، على قبول الشروط الإسرائيلية التعجيزية لتسوية لم يبق للفلسطينيين ما يتنازلون عنه. هنا، تواصل العرفاتية فعلها. وهنا، لا يكون عرفات فرداً، بل تعبيراً عن روح شعب حيّ.
في كل واحد منا ذكرى شخصية منه، وعناق وقبلة. وفي كل واحد منا وعيُ هويةٍ لا تعاني من قلق التعريف: لن نكون فلسطينيين إلاّ إذا كنا عرباً. ولن نكون عرباً إلا إذا كنا فلسطينيين. فهذه الهوية مستعصية على المراجعة والتفاوض، سواء قام الشرق الأوسط الجديد أو لم يقم. ولن نكون ما نريد أن نكون إلاّ إذا عرفنا كيف ننهي عملية الخروج من تاريخنا ومن التاريخ الإنساني، وكيف نعود إليهما، بكل ما أوتينا من طاقات وتجارب ومواهب.
وتلك كانت محاولة ياسر عرفات الدؤوب: الانتقال من الدور الذي تحتلّه ضحية التاريخ إلى المشاركة في صناعة التاريخ. فله المجد والخلود.


كلمة حق في « الرئيس » ... وشعب « ياجبل ما يهزك ريح » في ذكرى أربعين الرئيس ياسر عرفات بقلم / الدكتور جورج حب

لقد رحل «أبو عمار» وغاب عن ساحة النضال. غاب عن الدنيا وهو شاغلها. غاب عن فلسطين التي أحبها وأحبته ولم يزل المسير نحوها. لم يتوقف ولم يزل شلال الدم الفلسطيني يتدفق على أرضها ووديانها وهضابها. ولم تزل المقاومة الفلسطينية تقاوم وتعاند املاءات القوة والبطش والجبروت الأميركي- الصهيوني. هي وحدها لحظات الرحيل الأبدي التي تترك صدق المشاعر ونيل المقاصد. مشاعر الحزن على قائد ترك بصماته واضحة على مسار قضيته فلسطين. مشاعر تخلو من حسابات ومعايير السياسة ومعاركها. نحن اليوم نفتقد مناضلا مثابرا وقائدا وسياسيا ورمزا ورئيسا للشعب الفلسطيني كرس شبابه وعمره كله في النضال ومقاومة الاحتلال الصهيوني وفي خدمة قضايا وطنه وشعبه. نفتقد قائداً كان حتى الأمس يشكل ركنا حيا من أركان الرواية الفلسطينية بطبعتها المعاصرة. إن تاريخ الرجل بنضاله يندغم بتاريخ القضية كما اندغم تاريخ المجاهد عز الدين القسام والحسيني و«أبو جهاد» وغسان كنفاني وأبو علي مصطفى واحمد ياسين وعبد العزيز الرنتيسي وفتحي الشقاقي و«أبو العباس» وكل قيادات الشعب الفلسطيني التي رحلت في صفحات التاريخ الفلسطيني. اندغم تاريخه نضاله بفلسطين ليعطيها سفرا مضافا وصفحات جديدة تحكي الرواية. لقد شكل بنضاله ورمزيته فصلا كاملا من «التغريبة الفلسطينية» طيلة أربعين عاما من النضال. أن للشهداء والمناضلين الراحلين حقا علينا أن نذكر محاسنهم(«اذكروا محاسن موتاكم») وفاء لهم وعهدا قطعناه معهم بان تستمر في المسيرة. فقد أعطى «أبو عمار» جل جهده للفلسطينيين ولشعبه. أربعون عاما ثابر فيها وقاتل وقاوم وصارع وقاد الشعب الفلسطيني من محطة إلى محطة ومن زمن إلى زمن ومن موقف إلى موقف وظل صامدا في وجه المطالب الأميركية والصهيونية بدفن القضية ووأد حق العودة. إنها لحظات يستذكر المرء فيها تلك التجربة الطويلة المريرة والمتعرجة من النضال الوطني الفلسطيني المعاصر وهو على رأسها. شريط الأحداث لا ينقطع من بث الصور والمشاهد وتداعيات الأحداث منذ الرصاصة الأولى وتفجير الثورة المعاصرة و«معركة الكرامة» ورحيل الثورة من الأردن بعد معارك أيلول وجرش وعجلون والحرب على لبنان واجتياح بيروت والصمود الفلسطيني طيلة 88 يوما ورحيل الثوار في مشهد سريالي، وهم مجللون بأكاليل الغار ودموع الظلومين والمقهورين تودعهم على شواطئ بيروت. انتفاضة فلسطين الأولى والانزلاق الأخير نحو أوسلو وانتفاضة الأقصى التي تحولت إلى مقاومة لا تنطفئ جذوتها وكان مشهدها الأخير حصار الرجل لوقف دوره ونضاله في قلعة المقاطعة شريط من الأحداث لا يتوقف حيث محطات العمل السياسي كثيرة. فقد كان «أبو عمار» حاضرا وفاعلا ورابط الجأش بكل رمزيته وكوفيته وحيويته ومثابرته، طيلة هذا الشريط من التجربة الطويلة. واسأل نفسي من كان يستطيع أن يعبر هذه التجربة الطويلة وهذه المحطات السياسية والعسكرية التي تقاطعت فيها حروب الأعداء التي لم تتوقف مع المؤامرات السياسية التي لم تزل مع العجز والصمت العربي الرسمي (!) على مذابح الشعب الفلسطيني طيلة عقود. لقد عبرها «أبو عمار» مع شعبه الفلسطيني وفصائل الثورة الفلسطينية دون أن تلين له قناة أو تضف عزيمته. كان رفيق درب وقائد ثورة ورئيس سلطة حيث اختلفنا كثيرا وتوافقنا كثيرا وتوحدنا وتباعدنا وتقاربنا. لكنها فلسطين وحدها كانت الوسيط الأهم لتوحدنا مرة تلو مرة حيث هي الغاية والهدف. فقد كانت فلسطين بثورتها وشعبها وشهدائها وأسراها اكبر من أي خلاف أو تنافر فقد كانت فلسطين هي الروح التي نستمد منها العزم والتصميم والالتحام والتوحد. ورحل الرئيس المناضل ولم تزل فلسطين هي الموحد القوي لقوى شعبنا الفلسطيني وأطيافه وشرائحه في قراه ومدنه ومنافيه. في هذه المناسبة الأليمة على شعبنا، علينا أن نتحلى بالشجاعة والإرادة والتصميم ونردد أمام عدونا الصهيوني وكل من يتربص بنا شرا وضررا ، كلمة أستعيرها من الأخ «أبو عمار» وهي «يا جبل ما يهزك ريح» فلن تؤثر في صمودنا هوائل الزمن ولن ينل من عزيمتنا غياب القادة ورحيل الرموز بل هي مناسبة لتحويل أحزاننا إلى أفعال وبرامج ومواصلة للنضال وتوهج للإبداع الفلسطيني في تجاوز مصاعبه. يجب علينا أن نحول رمزية «أبو عمار» إلى رمزية وقدسية فلسطين ورمزية المؤسسة التي لا ترحل. فاشتقاق النموذج الفلسطيني في النضال والقيادة والسلطة يجب أن يتمظهر بصور حية عبر قدرة شعبنا على تجاوز شدائده ومحنه. فالشعب الفلسطيني اليوم هو أحوج ما يكون إلى الوحدة الوطنية ورص الصفوف ومغادرة مواقع الخلاف والتنافر والسير موحدين عبر هذا الماراثون الفلسطيني الطويل الذي لم نقطعه بعد. وهو أمر يفرض ويستوجب من القوى الوطنية والإسلامية والسلطة الفلسطينية أن تعمل وتبحث عن الصيغ الممكنة والمناسبة لقيادة الشعب الفلسطيني وقواه وفصائله وانتفاضته الشعبية. على شعبنا أن ينظم صفوفه وأفعاله وسياساته وتكتيكاته عبر مؤسساته الوطنية التي بناها بدماء الشهداء وجهد المناضلين والقادة. أن مفصلا هاما وضروريا في رؤيتنا الإستراتيجية وتكتيكنا الوطني يجب أن يتوضح عبر الحفاظ على دور ووظيفة منظمة التحرير، هذا الدور الذي حدده الميثاق الوطني الفلسطيني في سياق الرؤية الفلسطينية للصراع العربي - الصهيوني، الأمر الذي يستلزم الوعي الاستراتيجي لأهمية إعادة الاعتبار للمنظمة وبنائها على أساس سياسة ديموقراطية كي تتحمل المسؤولية التاريخية في قيادة نضال الشعب الفلسطيني على المستوى العالمي وكي تبقى الممثل الشرعي والوحيد لشعبنا والذي مثلته طوال ثلاثين عاما وأكثر أمام العالم بدوله ومؤسساته ورأيه العام. أيها الرئيس والأخ ورفيق الدرب لقد أعطيت الكثير الكثير لشعبك ووطنك وفلسطينك. وحولت قضية شعبك من قضية إنسانية إلى قضية سياسية مشروعة وحق وطني مسلوب أمام كل المؤسسات الدولية واجتهدت وأصبت كما اجتهدت وأخطأت ولك ما لك وعليك ما عليك. غير أن التاريخ يسجل لك أن فلسطين كانت حلمك والدولة الفلسطينية كانت هاجسك ومسعاك وقبلتك وكنت رابط الجأش تردد دائما أمام الصعاب والحصار: « يا جبل ما يهزك ريح». ونحن اليوم أن نودعك نعاهدك ونعاهد كل الشهداء أن فلسطين ستبقى الحلم والبوصلة التي لن تحرك المسار. أيها الرئيس الراحل، إنها لحظات قاسية على شعبنا أمام مشهد الوداع الأبدي. فقد كنت اكبر من الحصار ولم يستطع أن يفل حصارك احد. لكنه وحده الموت الذي فك حصارك. فسلاما إلى روحك 
     الطاهرة وسلاما لكل أرواح الشهداء

الأربعاء، 6 نوفمبر 2013

Michel Serres:Jusqu'où ira le changement?

INTERVIEW - Michel Serres, philosophe, historien des sciences et homme de lettres français, décrypte le monde de demain pour le JDD.
Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et américaine qu'il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu'il observe sur l'équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu'il est, il guette avec impatience et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté l'horizon dans l'espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde, depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l'humanité n'en a connu jusque-là que deux d'une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. Serres est un optimiste impénitent. L'avenir du nouveau monde appartient à Petite Poucette *, ainsi qu'il a baptisé l'archétype du "nouvel humain" encore en devenir, en référence à son usage du téléphone et de l'ordinateur. Et cette Petite Poucette-là, qui est sur le point de "prendre les commandes", n'a pas fini de nous surprendre…
La crise est-elle bientôt finie?La crise financière, c'est probable. Je ne suis pas un économiste, ni un spécialiste de la finance, mais ce que je vois, c'est le tableau global. On ne parle que d'économie! Une campagne électorale, ce n'est que ça : l'emploi, la dette, le budget ! Elle a envahi la totalité de la discussion publique. Or notre monde traverse une phase de changements gigantesques. Comme on est obnubilé par l'économie, on ne pense la crise qu'en termes économiques, mais il y a tellement de choses plus importantes qui nous mettent en crise! Cette crise d'ailleurs, c'est principalement le malaise dans nos têtes devant les immenses changements qui sont à l'œuvre.
Par exemple… Nous étions 50% d'agriculteurs à la fin de la guerre et ils ne sont plus que 1%. Pendant ma vie humaine, et c'est unique dans l'histoire, la population mondiale a doublé deux fois! Quand je suis né, on était 2 milliards, on est 7 milliards aujourd'hui. Dans la même période, l'espérance de vie a triplé. C'est tout cela que l'on ne voit pas.
Pourquoi?On sait qu'un tremblement de terre se passe en surface. Or la théorie des mouvements de plaques l'explique par des mouvements profonds. Ce que j'essaie d'expliquer, ce sont les mouvements profonds. La fin de l'agriculture, la victoire sur la douleur en médecine, l'allongement de l'espérance de vie. Tout cela a des conséquences énormes : quand mon arrière-grand-père se mariait, statistiquement, il jurait à sa compagne fidélité pour cinq à dix ans, maintenant c'est pour soixante ans. On dit toujours "mariage", mais un engagement pour dix ans et un engagement pour soixante ans, ce n'est plus pareil! Il y a beaucoup de choses qui ont secrètement changé, qu'on ne voit pas changer, mais qui ont complètement bouleversé le monde. On est passé, en moins de cinquante ans, dans un nouveau monde.
«Il y a eu trois secousses dans les années 1960 qui ont précédé le tremblement de terre des années 1980.»
Quand situez-vous cette bascule? Précisément au milieu des années 1960. En 1965, 1966, on ne se souvient plus de cela aujourd'hui, mais il y a eu des révolutions agricoles dans beaucoup de villes françaises. Il y a eu des morts à Rodez, à Quimper, à Millau. La paysannerie s'apercevait tout d'un coup qu'elle changeait de monde. Au même moment, l'Église catholique a fait son aggiornamento, avec le Concile. Et puis il y a eu la révolution étudiante, en 1968, mais c'est la dernière des trois secousses. Il y a donc eu un premier tremblement de terre à cette période-là. Il a précédé le vrai tremblement de terre, celui des années 1980, avec l'arrivée des nouvelles technologies. 
Celle que vous appelez "Petite Poucette", parce qu'elle a toujours en main le clavier de son téléphone, est née à ce moment-là… Comment la définissez-vous?Oui, Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui. Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un outil, mais fait partie de ses conditions de vie. Elle est sur Facebook, les réseaux sociaux, son téléphone est branché avec elle… 
C'est-à-dire "dans" l'ordinateur? Je vous donne des exemples. L'autre jour, un de mes petits-fils vient chez moi en deux-roues, et il était en panne. Il démonte son engin et me dit : "Regarde…" Il avait une pièce qu'il ne savait pas où remettre. Il m'a demandé mon téléphone portable et, hop, il a trouvé la solution à son problème… Il vit dedans. C'est vrai aussi de mes étudiants à Stanford, à qui j'ai fait corriger mon livre, c'est vrai aussi des patients à l'hôpital… Regardez les conséquences : quand j'étais jeune, par exemple, on n'aurait jamais demandé à un chirurgien après une opération ce qu'il avait fait dans votre ventre. Aujourd'hui, n'importe quel patient, s'il a "un pet de travers", tape "pet de travers" sur son ordinateur avant d'aller voir le toubib. Et il va pouvoir en parler avec son médecin. Cela change tout. Dans Petite Poucette, j'appelle ça "la présomption de compétence" qui s'est renversée. Avant, le toubib, l'avocat, l'enseignant, avaient une "présomption d'incompétence" à l'égard de ceux auxquels ils s'adressaient. Aujourd'hui, si j'entre dans un amphi pour faire un cours sur la cacahuète , je sais qu'il y a certains étudiants qui ont tapé "cacahuète" sur Wikipédia la veille, et donc je dois faire cours en fonction de ça. Petite Poucette arrive à présent sur le marché du travail. Il y a des instits, des profs, Petites Poucettes d'aujourd'hui, et cette vague est en train de construire le nouveau monde. 
Petite Poucette a commencé par devenir trader… Oui, si on veut! Les traders, c'est le numérique depuis longtemps… Les échanges instantanés à l'échelle de la planète et ce numérique-là sont en grande partie responsables de la crise financière. On a vu ce qui s'est passé pour la musique. Cela a foutu en l'air le marché du disque… Parce qu'aujourd'hui le rapport numérique/financier est très difficile à maîtriser. Comment faire un droit dans cet espace de non-droit qu'est la Toile? Pour l'instant, on ne voit pas comment on pourrait faire entrer le commerce là-dedans… On ne sait pas encore très bien comment le rapport marchand va évoluer. Mais cela devrait se régler dans les dix ans qui viennent. Les journaux aussi sont en crise, mais ce n'est pas une crise de l'information. Petite Poucette est surinformée, elle sait beaucoup plus de choses que lorsque les journaux étaient florissants. L'université aussi est en crise. Comment enseigner aujourd'hui? À quoi servent les bibliothèques alors que j'ai tous les livres du monde chez moi? Voyez tout ce qui change! 
Et cela nous inquiète… Nous sommes, en France, dans le pays le plus inquiet concernant les sujets scientifiques. Pourtant, on était un des pays les plus optimistes à cet égard au début du XX e siècle. Il y avait Jules Verne, le palais de la Découverte. La science était un sujet d'enthousiasme. Or, cela a complètement changé. Je ne sais pas l'expliquer. Il y a une inquiétude presque idéologique. L'idéologie de la science s'est transformée en idéologie de l'inquiétude. Regardez la manière dont on utilise le mot "chimie". En mal. Or notre cerveau, notre genou, ce bout de papier, c'est de la chimie. Sans chimie, il n'y aurait pas de bio. On oppose "bio" à "chimie", comme si "bio" voulait dire "sans chimie". Or le bio, c'est de la chimie! Cette méfiance est une particularité française. En Allemagne, en Amérique, il y a des littératures de l'inquiétude, mais elles n'ont pas cette résonance populaire qui existe en France. Peut-être est-ce aussi le signe que la bascule du nouveau monde est en train d'arriver ici, alors forcément les gens sont un peu plus inquiets qu'ailleurs… 
«Petite Poucette a trouvé le sens réel du mot 'maintenant'. Elle peut dire : 'main-tenant, tenant en main le monde'.»
Y a-t-il eu auparavant des moments d'inquiétude aussi forte qu'aujourd'hui?Oui, bien sûr. Dans Petite Poucette , j'en décris deux autres, qui correspondent aux deux précédentes révolutions de l'humanité. La première se situe quand on est passé du stade oral au stade écrit. La deuxième, quand on est passé du stade écrit au stade imprimé. Maintenant, dans la troisième révolution, on bascule du stade imprimé au stade numérique. À chacune de ces trois révolutions correspondent les mêmes inquiétudes… À la première, Socrate fulminait contre l'écrit en disant que seul l'oral était vivant! Au moment de l'imprimerie, il y a des gens qui disaient que cette horrible masse de livres allait ramener la barbarie. Ils affirmaient d'ailleurs que personne ne pourrait jamais lire tous les livres, ce en quoi ils avaient raison. Il est donc naturel de retrouver les mêmes angoisses au moment d'une révolution qui est encore plus forte que les deux précédentes. 
Pourquoi plus forte?Un de mes amis a fait un livre sur les "neurones de la lecture". On a repéré les neurones exacts qui sont excités quand on lit quelque chose. On s'aperçoit aujourd'hui que les neurones excités par le numérique, devant un ordinateur, ne sont pas les mêmes! Ce n'est pas seulement le monde, ce sont aussi nos têtes qui changent… 
Jusqu'où ira le changement?Je ne parle pas souvent politique, mais là, pour une fois, je vais le faire. Petite Poucette a trouvé le sens réel du mot "maintenant". Qu'est-ce que veut dire ce mot-là? Cela veut dire : "tenant en main". Petite Poucette, avec son téléphone portable, tient en main tous les hommes du monde, tous les enseignements du monde, et tous les lieux du monde par GPS. Donc elle peut dire : "main-tenant, tenant en main le monde". Mais qui pouvait en dire autant avant elle? Auguste, empereur de Rome, des grands savants? Aujourd'hui, il y a 3,75 milliards de personnes qui ont un portable avec Internet dedans et qui "tiennent en main le monde". Cela ne fait pas une nouvelle démocratie? Voilà le nouveau monde. C'est vertigineux, c'est ce qui m'impressionne le plus. Que nos institutions sont vieilles face à cela! Il y a tout à reconstruire. 
Dans quel ordre?Une nouvelle université. Il faut aussi construire une nouvelle chambre des députés, une nouvelle représentation politique, un nouveau droit. Le droit tel qu'il est – il n'y a qu'à voir l'échec d'Hadopi – ne correspond plus à la réalité… Le plus grand effort qu'il faudra faire, demain matin, c'est même assez urgent, est de repenser l'ensemble de ces institutions. 
Mais où serait le centre de décision?Voyez, vous vous mettez à avoir peur vous aussi! Un jour, lors d'une conférence en Allemagne où il y avait 1.000 personnes dans un amphi, je leur ai dit : "Je vous propose une idée : on fusionne la France et l'Allemagne." La discussion s'est engagée aussitôt, sur le thème "mais alors on aura deux présidents?". Je leur ai dit qu'il n'était pas question de cela. J'ai parlé des Bretons et des Rhénans, des Picards et des Prussiens, et j'ai dit : "On va demander à toutes les Petites Poucettes si elles sont d'accord pour fusionner, et après on verra!" Ils étaient enthousiastes! Non, il n'y a pas de centre de décision. Mais quand on a inventé la démocratie, il n'y en avait pas non plus! On a simplement dit : on va donner un droit de vote à tout le monde. Aujourd'hui, avec le numérique, on pourrait décider de beaucoup de choses en commun et en temps réel, ce ne serait pas difficile à mettre en œuvre. Le monde est une Suisse ! Tôt ou tard, une nouvelle politique se mettra en place. Laquelle? Je ne suis pas assez bon pour le dire, mais je la vois arriver. 
Vous êtes à la frontière du philosophe et de l'oracle… Presque du prophète! Non, je ne suis pas Madame Soleil… Petite Poucette a 30 ans, et dans dix ans, elle prend le pouvoir. Dans dix ans, elle l'aura, et elle changera tout cela… Regardez le printemps arabe, le rôle des nouvelles technologies, le rôle des femmes alphabétisées dans ces pays, tout cela est déjà à l'œuvre. Et puis, reprenons l'histoire. En Grèce, avec l'écriture, arrivent la géométrie, la démocratie et les religions du Livre, monothéistes. Avec l'imprimerie arrivent l'humanisme, les banques, le protestantisme, Galilée, la physique mathématique… Il suffit de voir tout ce qui a changé lors du passage à l'écriture et à l'imprimerie. Ce sont des changements colossaux à chaque fois. On vit une période historique. Petite Poucette n'est pas générationnelle. Ce n'est pas l'héroïne de la rentrée, elle est historique. D'ailleurs, une part de la "crise" d'aujourd'hui vient aussi de cela, de la coexistence actuelle de deux types d'humains… Petite Poucette et ceux de l'ancien monde. Son temps à elle arrive